L'élégance

Grosse semaine en France. Je dis en France parce que grâce aux réseaux sociaux, j'y suis encore un peu, du moins j'échange à 90% avec des français, je parle et pense en Français sur ces mêmes réseaux et j'observe de très près ce qui touche à mon pays natal.

Grosse semaine disais-je donc, pour cette France des réseaux qui découvre à la fois que le Président a une vie sexuelle, et qu'un pervers peut se trouver des excuses vraiment moisies pour prendre des photos dans la rue. On fait l'exploit dont personne ne nous pensait capable : on commence 2014 de pire manière qu'on a fini 2013. Ces deux "actualités" si on peut les appeler ainsi, ne sont a priori absolument pas reliées entre elles, et pourtant... Il y a bien un sujet transversal qui les lie, je veux parler bien évidemment de l'élégance.


Reprenons les faits. D'une part, il y a cet article de Closer, qui nous raconte que le président va en scooter coucher avec l'actrice Julie Gayet dans un appartement, le tout avec une simple garde rapprochée de deux gardes du corps. Je ne m'attarderai pas sur le fond de cette affaire, qui est tout bonnement inintéressant au possible et qui relèvera peut être d'un autre article - doit-on savoir que le Président trompe sa compagne ? Selon moi oui - ; évidemment je ne parlerai pas de la forme qui est tout bonnement détestable, Closer étant un magasine qui me donne habituellement la nausée, mais j'aimerais bien en revanche vous parler de la symbolique et de ce que cette affaire a réveillé en moi.

Une affaire d'état
Quand je lis cette affaire, je ne vois qu'inélégance absolument partout. En premier lieu, je ne sais pas dans quel monde nous vivons pour que tout le monde hurle à la normalité de la situation. Depuis quand tromper sa partenaire est quelque chose de normal ? J'avoue que ça m'échappe totalement. Entendons-nous bien : je comprends qu'une personne, homme ou femme, ait besoin de renouveler ses partenaires de temps à autre, je ne fonctionne absolument pas de cette manière, mais après tout qui suis-je pour juger ? Ce que j'ai plus de mal à comprendre, c'est qu'on le fasse dans le dos de l'autre. Un peu de panache que diable ! La moindre des choses serait quand même d'en informer Mme Trierweiler il me semble ! Ce n'est quand même pas le bout du monde de dire à quelqu'un "je ne t'aime plus" et la dernière fois qu'on m'a demandé, j'ai même répondu que c'était probablement la meilleure excuse pour rompre avec quelqu'un. Donc de deux choses l'une :
- ou bien le Président veut le beurre et l'argent du beurre (et d'aucun dirait "et la compagnie caline de Mme Gayet") ;
- ou bien M. le Président n'a pas eu le courage de ses opinions ; je me refuse à faire tout parallèle politique car ce n'est ni le moment ni l'endroit, mais tout de même...

En second lieu, je suis choqué par l'inélégance qu'a Closer de publier une telle nouvelle. Évidemment il nous ont habitué à bien pire que ça et je dois être bien naïf de m'en étonner, n'empêche que... La traitement de ce sujet par Closer me dépasse presqu'autant que le traitement que lui ont réservé le reste des médias. C'est donc vrai : nous vivons une époque où l'instantané et le futil règnent en maître. Il y a il me semble des sujets qui mériteraient d'être traités avec plus d'urgence. La fracture sociale comme aimait à le répéter M Chirac en son temps, plus que jamais rouge vive dans ce pays qui manque cruellement de solidarité. Le chômage et les différentes façons qu'on a de l'aborder. La réforme fiscale et tous les enjeux qui sont liés à celle-ci, aussi inévitable soit-elle. Et si on veut s'élever encore un peu plus, l'éducation, la place de la France dans le monde, le défi technologique... bref, il y en a des sujets à traiter en France. Mais aucun n'est visiblement aussi urgent que de savoir si le Président aime être au-dessus ou en-dessous.

Il est simplement triste de constater que la banalisation de la fonction présidentielle, seul vrai héritage du Sarkozysme à mon sens, soit perpétuée par M Hollande - malgré lui ou pas, peu importe. Il n'était pas bien compliqué de faire mieux que le Président précédent : il aurait suffi d'être élégant en tous points. Force est de constater que c'est pour l'instant (très) loin d'être le cas.

Une affaire d'été
Passons à présent si vous le voulez bien à notre champion de la semaine, j'ai nommé Pingoo. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Pingoo est un individu de sexe masculin qui depuis 16 ans - selon ses dires - s'amuse à photographier des pieds, des jambes, parfois d'autres parties plus intimes de l'anatomie féminine de femmes qu'il ne connaît en grande majorité pas, dans le but de les publier ensuite sur son compte Instagram ou bien sur son blog. Ce lundi, Pingoo a publié la photo d'une jeune fille sur son compte Instagram. Jusque là rien de bien violent me direz-vous, sauf qu'il se trouve que cette photo est prise d'en dessous de sa jupe et nous permet de voir sa culotte. Tollé général sur Twitter, messages d'insulte, tweetclash et ce mardi Pingoo n'en peut plus : il nous pond un texte nous expliquant pêle-mêle que oui, prendre des photos d'inconnues et les publier sans leur autorisation c'est mal, mais que ce n'est pas de sa faute à lui c'est son "besoin compulsif de partager" et qu'après tout qui n'a jamais rien fait de mal ?

Monsieur Pingoo, vous commettez à mon sens trois erreurs graves. En premier lieu, vous vous faites appeler Pingoo sur les réseaux et personne ne peut vous prendre au sérieux. En second lieu, en nous pondant le texte que vous nous avez pondu, vous faites ce que j'appellerais l'apologie de la médiocrité. Mon passage préféré étant tout de même celui ou vous nous expliquez que non, vous ne vous considérez pas artiste, et que vraiment, ce sont des photos faites pour partager. Mais qu'est-ce qui vous passe par la tête bon sang pour croire que nous avons besoin nous, de recevoir ce genre d'information ? N'avez-vous pas envie d'élever un peu le niveau ambiant ? N'aspirez-vous donc pas à mieux que de montrer une culotte ou cinq doigts de pieds aussi jolis soient-ils - et croyez-moi c'est rarement le cas ? Creusez-vous la tête mon vieux ! Réfléchissez à votre démarche et essayez au moins de l'embellir ! Créez, proposez quelque chose, mais ne barbotez pas dans la mare des médiocres.

Seulement pour cela, il eut fallu mon cher Pingoo que vous ne commettiez pas votre troisième erreur. Il eut fallu que vous vous armiez de courage et que vous démarchiez les gens que vous prenez en photo. Je vous en parle en connaissance de cause, c'est ce que je fais régulièrement avec mon autre blog, celui où je publie des gens que je prends en photo dans la rue. Alors évidemment, demander à une jeune fille si on peut prendre sa culotte en photo, c'est un peu plus complexe que de dire "j'aime comme vous êtes habillée, me laisseriez-vous prendre une photo de vous pour mon blog ?", j'en conviens. Mais prenez en compte Pingoo que la gloire n'en serait que plus grande. Et de grâce, ne vous comparez pas comme vous le faites aux médias traditionnels que sont TF1 ou même France 2 (vous êtes même allé jusqu'à vous comparez à Closer : pourquoi faire cela ?). D'une part, ça ne vous rend pas plus grand, et d'autre part, prenez en compte qu'un certain nombre d'entre nous restent choqués, même en 2014, de voir une femme seins nus à la plage, un homme torse nu en ville et de la nudité partout sur nos publicités. Oui, ça me choque, ça m'a toujours choqué, et probablement que ça me choquera toujours. Car enfin quel plaisir y-aura-t-il à carresser du regard un sein ou même un sexe de femme une fois que celui-ci sera exposé partout, tout le temps, sous n'importe quel angle ? Quel plaisir aura-t-on a (re)découvrir quelque chose qu'on aura vu et revu ?

Vous nous parlez ensuite de vrai pervers contre ce qui serait un faux pervers. Si vous voulez mon avis Monsieur Pingoo, il n'y a que des pervers et libre à vous de l'être mais par pitié, ne nous l'imposez pas. Il y a des choses que vous feriez mieux de garder pour vous. Et si votre besoin de partager est aussi compulsif, je vous conseille d'essayer ce que l'on appelle les amis. Je peux vous assurez que ceux-ci sauront vous comprendre et s'amusez de vos trouvailles.

Ces deux affaires comme je le disais plus tôt, n'ont rien en commun, si ce n'est de nous démontrer à quel point nous nous affaissons peu à peu dans nos rapports à l'autre. Je rêve d'un monde où chacun serait libre de faire ce qu'il veut chez soi, mais ne sentirait pas le besoin d'imposer aux autres sa vision des choses. Je rêve d'un monde où les gens seraient courtois et pourraient vivre en harmonie. La liberté des uns s'arrête là où celle des autres commence m'a dit un jour mon père. Je constate que notre liberté est de plus en plus ténue et qu'absolument personne n'est enclin en 2014 à la respecter.

2 commentaires:

  1. "Car enfin quel plaisir y-aura-t-il à carresser du regard un sein ou même un sexe de femme une fois que celui-ci sera exposé partout, tout le temps, sous n'importe quel angle ? Quel plaisir aura-t-on a (re)découvrir quelque chose qu'on aura vu et revu ?" Alors là évidemment je ne suis pas du tout d'accord. #TWEETCLASH

    RépondreSupprimer