Le Low-Cost



Il y a deux manières de voyager. L'une d'entre elles consiste à aller prendre l'avion, le train ou n'importe quel autre moyen de locomotion qui s'offre à vous. L'autre est de prendre l'avion avec une compagnie low-cost. Il ne fait aucun doute que la majorité d'entre vous sait se comporter lorsqu'il est bien confortablement assis en business class du Paris - New York d'Air France. Il est revanche fort peu probable que votre savoir vivre survive à quelques heures aux côtés d'un voisin ayant bu un jus de tomate Pampril, que votre patience résiste suffisamment longtemps pour endurer les blagues de cul de Jean-Jean envers l'hôtesse quinqua portant un gilet-doudoune orange criard, que votre tolérance ne soit pas violée au moment où l'ensemble de l'avion applaudira le pilote pour son atterrissage à rebondissements sur le tarmac de London - Luton. Quelques ficelles - liste non exhaustive - s'imposent alors pour pouvoir affronter cet événement qu'est un vol low-cost.


1. La première astuce, la plus simple et celle que tout le monde essaye de mettre en pratique, c'est de dormir, tout simplement. Mais l'erreur de nombres d'entre nous est - tout du moins au début - de penser que dormir dans un avion c'est partout pareil. Rien de plus faux. Que ceux d'entre vous qui n'ont jamais bavé sur leur voisin avant de se faire réveiller en sursaut par une annonce pour des billets à gratter me jettent la première pierre. Dans un vol lambda, on abaisse son siège et on dort, c'est aussi simple que ça. On se réveille à la rigueur pour manger le pavé de saumon encore congelé qu'on nous amène sur un plateau en plastique. Sur une compagnie low-cost, chacun d'entre nous est un potentiel acheteur : plus on reste en éveil et plus il y a de chance que, conduit par je ne sais quel accès de folie, on se surprenne à acheter une cup'a'soup, ou bien un nounours Easy Jet à 25 livres sterling. En trois pas assez simples, voici comment éviter de se retrouver dans cette situation.
  • choisissez bien votre place avec par ordre de préférence : le hublot, le couloir et comme ultime recours, la place du milieu ;
  • munissez-vous d'un masque pour couvrir vos yeux des néons absolument dégueulasses des Airbus A320 et ne vous fiez pas à l'extinction de ceux-ci lors des décollages nocturnes : ils les rallument après et la chute ne sera que plus lourde ;
  • munissez-vous de boules quiès, de préférence en mousse et surtout, de grâce, mettez-les avant de décoller et sortez-les après avoir atterri, personne ne souhaite que vous perdiez l'usage de votre oreille pendant tout le voyage Luton - King's Cross ;

2. Armez-vous du regard le plus méprisant de votre galerie de regards. Pas la peine de regarder ces lignes de cette façon, je ne compte plus le nombre de fois où un tel regard m'a sorti d'affaire. Ça commence dès que vous êtes à votre porte d'embarquement et que tout le monde est déjà debout en train de faire la queue alors que le vol est annoncé avec une heure de retard et que sur cette ligne ON A DES PLACES AVEC DES NUMÉROS ET TOUT.
Personnellement dans ce cas là, j'aime m'asseoir à mi-queue et regarder les gens de façon méprisante pour bien leur signifier mon dégoût d'eux. Souvent il y a une autre personne qui en fait autant, il est important que vous ne fraternisiez pas : le mépris des autres est une activité qui s'accomplit seul. Une fois à hauteur du guichet, tenez-vous prêt : le passeport est sorti, le billet aussi. Si on vous demande de contrôler les mesures de votre bagage, faites-le sans rechigner, mais surtout ne brisez pas le travail qui a précédé ce moment et continuez de mépriser votre interlocuteur. Après tout ce voyage s'annonce long, les retards sont légions alors vous avez bien gagné le droit de vomir sur le petit personnel. Mais le point d'orgue de tout ces efforts sera atteint une fois assis dans l'avion. C'est là que l'on voit qui a bossé et qui a traîné sans écouter. La plupart du temps, des couples vous demanderont de changer de place parce qu'ils arrivent en retard et veulent impérativement s'asseoir à côté. Si vous avez respecté l'ordre de préférence du 1, alors vous serez côté hublot et il y a peu de chances que cela arrive. Si en revanche vous n'avez pas respecté ce petit 1, il va vous être compliqué de refuser cet échange de place. Nous sommes et restons envers et contre tout, des gentlemen. C'est dans ce cas bien précis que le regard méprisant vous sert. Si vous vous êtes bien fait voir et que vous n'avez jamais cédé, alors personne ne viendra vous demander. Prenez-le en compte.

3. Étroitement lié au point 2, est ce point ci. Prenez votre temps. Surtout ne commettez pas l'erreur que de trop nombreux voyageurs commettent : ayez les idées claires, sachez où vous allez, mais ne vous précipitez pas. Le reste des voyageurs attendra. Rien de pire que de s'asseoir et de s'apercevoir que dans la valise que l'on vient de jeter violemment au fond du compartiment au-dessus de notre tête, se trouve vos boules quiès justement. D'autre part, en courant on transpire et personne n'a envie de passer ce voyage infernal en nage dans une chemise qui a survécu à 3 réunions aujourd'hui. Appliquez la méthode suivante : tendu dedans, détendu dehors.

4. Évidemment, il y a des moments où vous devrez vous frottez à vos concitoyens, bien malgré vous. Cependant, il n'y a aucune règle écrite listant les choses que l'on peut ou ne peut pas commettre. Ces choses là sont donc théoriquement acceptées dans la limite de la bienséance évidemment. À titre personnel, je vous recommande de ne pas hésiter à jouer des coudes. Toujours de façon innocente, et en n'hésitant pas à vous excuser si vous sentez que la situation est un peu border-line. Un bon coup de coude entre les côtes aura toujours plus d'effet qu'un échange vif pour savoir qui était en premier dans la queue ou pas. Jouez avec votre physique, placez stratégiquement votre valise... Pour ne pas que le voyage se transforme en foire d'empoigne et surtout en une débauche inutile d'énergie, apprenez à reconnaître les batailles qui en valent la peine. Concrètement, repérez vos comparses. Il y a dans la foule des gens qui comme vous, sont des initiés. Inutile de lutter contre ceux-ci, car dans cette jungle qu'est la salle d'attente du vol, comme dans l'humanité, les plus forts et ceux qui s'adaptent seront les survivants. Écrasez en revanche sans aucune espèce de pitié les soumis. Il est important d'observer les gens qui vous entourent et de les classifier pour comprendre qui est dangereux ou le deviendra, et à quel moment. Les groupes en général - enfants, commerciaux, agrégation de familles - sont surtout dangereux au moment de s'asseoir - mettez-vous le plus loin possible. Les femmes ayant une valise et un sac à main sont inoffensives et sortent les griffes très tôt - laissez-les volontiers passer et vous les doublerez lorsqu'au contrôle on leur demandera de bien vouloir mettre leur sac dans leur valise, un seul bagage étant accepté. Les doubleurs sont souvent des hommes seuls qui ont un sac à dos Quechua - laissez-les passer ils s'arrêtent systématiquement après le contrôle pour remettre leur passeport dans leur sacoche qui ira elle-même dans la poche intérieure de leur sac Quechua. Les bébés sont dangereux tout le temps - tenez-vous éloigné à chaque instant. Il est impératif que les vrais dangers soient toujours derrière vous, et que les faux dangers soient devant vous. De cette façon, vous pourrez vous débarrassez de tous au moment clef du contrôle.
Une dernière chose : n'oubliez pas que l'homme est un animal grégaire et profitez-en justement pour vous décoller de la masse, particulièrement au moment où vous entrez dans l'appareil.

5. Si par chance - ou par malheur, cela dépend souvent des moments - vous êtes deux, jouez en équipe. Une heure de retard ? Prenez-vite une place dans la queue pendant que votre partenaire s'assoit bien tranquillement et prépare sa relève dans un quart d'heure, et ainsi de suite. L'un d'entre vous vas acheter les magazines, l'eau, les vivres, etc. Souvent les vols en low-cost sont des épreuves d'endurance. Et comme toujours dans cette discipline, il y a toujours un malin enclin à partir comme un V2 pour se planter de façon monumentale au bout de la première demie-heure. Pour le plus grand plaisir des initiés que vous êtes à présent. Vous pouvez voler - hahaha - de vos propres ailes. N'hésitez pas à compléter ce guide succinct avec votre expérience afin de faire de celui-ci un vrai puis de connaissance.

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