Le papier

Dans le film Le Nouveau Protocole, Clovis Cornillac joue Raoul Kraft. Raoul mène une vie paisible jusqu'à ce que son fils Franck meure d'un accident de la route. Il découvre que son fils jouait le cobaye pour un laboratoire pharmaceutique et que sa mort pourrait être due, en partie, aux médicaments qu'il testait au moment de l'accident. Raoul va alors combattre le lobby pharmaceutique pour apprendre la vérité sur la mort de son fils et découvrir l'horrible industrie des médicaments. Si vous n'avez pas vu le film et que vous souhaitez le découvrir, arrêtez votre lecture ici. À la fin du film, Clovis Cornillac est désemparé et choisit de tenter d'assassiner l'une des personnes les plus influentes du lobby pharmaceutique. À l'heure d'expliquer son geste, il indique qu'il a choisi la seule solution pour que le public s'intéresse enfin aux monstruosités auxquelles l'industrie pharmaceutique se livre. La tentative d'assassinat spectaculaire et le procès qui s'en suivent sont en réalité des excuses pour que l'industrie pharmaceutique se retrouve exactement où elle ne veut pas : sur le devant de la scène.


Dimanche soir dernier, les premiers commentaires sur les Panama Papers étaient publiés sur Twitter (notamment) : "Ça ne servira à rien", "Vivement qu'on continue de s'en moquer", "Très choqué d'apprendre que des gens ne paient pas leurs impôts".

Le résultat

Alors on y est, le FN est devenu dimanche dernier le premier parti de France. On peut arguer que les abstentionnistes, on peut arguer que le manque d'intérêt, on peut arguer que "seulement les régionales" mais il n'empêche que le FN a fait 30% plus ou moins selon les chiffres que l'on peut lire à droite à gauche.

Mais je ne suis pas venu vous dire que c'est une catastrophe, ce serait énoncer une vérité et j'espère quand même avoir mieux à faire. Non je viens vous raconter une fois de plus ce que moi je lis et entend quand j'allume mon internet.

En premier lieu, la chose que j'ai le plus souvent lue : "Vous méprisez les électeurs du FN, c'est pas étonnant qu'ils votent FN". À côté des témoignages absolument poignants ou l'on peut lire "je suis picarde" ou encore "j'habite dans le Pas de Calais depuis 20 ans" nous priant d'arrêter de rire de la misère intellectuelle des gens qui votent FN. En gros et pour la faire courte : ce n'est pas parce que ces gens-là votent FN qu'il faut les mépriser et ce n'est pas en les méprisant qu'on fera évoluer la situation. C'est marrant parce que j'ai vraiment la sensation que ce qui bloquait le vote FN pendant toutes ces années c'était précisément la honte, le ridicule. Car au fond c'est bien ce qu'un vote FN représente : une honte, un suicide électoral. Une fausse solution, qui fondra comme neige au soleil une fois que le FN arrivera au pouvoir ce qui, je le répète, n'est qu'une question de temps. La normalisation du Front National a été le grand outil de son renforcement et donc maintenant l'outil ultime de son acceptation, souhaité - ironie du sort - par des gens qui ne votent pas FN, ce serait de ne pas rire des gens qui votent. Pardon, mais comment ne pas rire d'électeurs qui à la radio énoncent qu'il "faudrait de la bonne musique bien française" et quand on leur demande des exemples annoncent le plus sérieusement du monde Taylor Swift. Qu'est-ce qu'on est sensé faire quand on entend ça ? Garder son sérieux ? Trouver que c'est une proposition intéressante et établir un débat à partir de cette affirmation ? (je vous laisse la source n'en déplaise à certains)

Guillaume Meurice à la rencontre des électeurs en PACA
"Dans la globalité, je ne suis pas raciste. Mais y'a des choses qui font qu'on est obligé de l'être"Tolérance, humanité et ouverture sur le monde : Guillaume Meurice à la rencontre des électeurs en PACA.cc Si tu écoutes, j'annule tout
Posté par France Inter sur lundi 30 novembre 2015



Le mode

"J'adore le mode". Voilà à quoi est réduite bien souvent l'industrie de la mode : à ces trois mots prononcés avec un accent anglais en français. Pourtant c'est une industrie qui en 20 ans a fait quelques pas en avant que d'autres pourraient lui envier. Je trouve qu'en ce sens, le défilé de Balmain pour H&M est très révélateur de comment la mode est vue et vécue aujourd'hui. En trois points, voilà pourquoi je pense que ce défilé est très représentatif de notre époque et de comment la mode évolue.


Je vais immédiatement mettre de côté tous les aspects négatifs de ce défilé en une seule phrase : H&M vend des vêtements d'une piètre qualité, confectionnés par des enfants très loin de chez nous dans des conditions inhumaines et ça se voit.

La mode et la crise

Quelques pensées sur l'industrie à laquelle - bien malgré moi parfois - j'appartiens à l'heure où les chaises musicales viennent de se relancer. Alexander Wang quitte Balenciaga après 3 ans de collaboration, Alber Elbaz quitte Lanvin après 14 ans de collaboration et plus surprenant encore peut-être, Raf Simons quitte Dior après 3 ans de collaboration et une arrivée sur-médiatisée notamment avec le très bon documentaire Dior et moi que je vous conseille vivement.

Quelle mouche a piqué les créateurs ? D'autant plus que ce jeu de chaises musicales a déjà eu lieu il y a bien peu (en 2012). Et si la véritable raison ne se trouvait pas dans l'industrie de la mode même mais plutôt dans ce que nous vivons depuis 2008 et ce que cette crise a fait de nous ?


Je fais partie de cette génération pour qui le plein emploi appartient au passé. Je n'ai jamais connu ça et ne le connaitrai probablement jamais. J'avais 24 ans quand l'économie s'est "effondrée" et ma vie professionnelle a été - et le sera encore pour quelques années - régie par des discours de manque de budget, d'attente de la reprise et de chômage. Je ne m'en plains pas, je ne serais probablement pas en train d'écrire cet article si tout cela n'était pas arrivé et je serais probablement encore assis à un bureau à faire quelque chose de très ennuyeux si les subprimes n'avaient pas existé.

L'enfant

Hier soir, juste avant d'aller dormir, je me suis trouvé face à face avec une énième photo d'enfant mort sur mon fil Facebook. Je me réveille ce matin en n'ayant pas décoléré et en essayant de trouver les mots pour exprimer ma rage et ma frustration face à ces photos qu'il est apparemment de bon goût de partager sur les réseaux sociaux. Je vais tenter de vous expliquer pourquoi je trouve la démarche ignoble.

En premier lieu, nous ne sommes pas des journalistes. On pourrait débattre pendant des heures pour savoir si ces photos doivent être montrées en général, mais je ne suis pas un spécialiste en éthique journalistique donc je laisse le soin aux mêmes journalistes d'expliquer pourquoi ils publient ou ne publient pas des photos d'enfant mort dans leurs journaux. Quand vous vous choisissez de la publier en revanche, vous ne le faites pas dans le cadre d'un article, mais vous le faites en l'imposant à tout le monde. En un mot comme en cent, vous nous imposez votre choix et je regrette mais tout le monde devrait pouvoir choisir ce qu'il voit.