Les Daft Punk

En 1997, un ami vient me voir à la maison et me dit "tiens j'ai récupéré ça, écoute c'est vraiment une tuerie". Il me tend un CD gravé, avec dessus écrit "Homework". J'ai 13 ans et j'ai aucune idée de ce que c'est. D'ailleurs j'ai aucune idée de ce qu'est la musique, je me limite aux Beatles de Papa et à Charlie & Lulu. À 10 ans, j'avais la cassette "Top Dance 1994", et sur la mini chaîne, j'oscille entre Fun Radio et NRJ.

La première écoute du CD changera à tout jamais non seulement ma perception de la musique, mais en plus une grosse partie de ma vie : on pouvait faire de la musique sans instrument. Moi qui fais du piano tous les lundis soirs, je découvre qu'avec quelques machines, on peut non seulement arriver à produire un son des plus rythmiques, mais en plus assez varié et plutôt dansant. Mes préférés sont instantanément Da Funk, Around The World, Burnin' et Rock'n'Roll. Au fur et à mesure des écoutes, j'apprendrai à aimer Rollin' & Scratchin', Revolution 909 et Indo Silver Club.

Les années passent, j'essaye de me documenter le plus possible sur le groupe et ma connexion AOL 56Ko et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas aisé. Le duo ne laisse rien ou très peu filtrer - paradoxalement on commence depuis quelques années à revoir apparaître à la surface des interviews alors faites sans masques - et c'est très frustrant de ne pas pouvoir mettre de visages sur mes nouvelles idoles. Viennent alors les années SoulSeek et les téléchargement de musique qui durent. Ma connexion devient illimitée et mon winamp skinné se remplit de French Touch en attendant le prochain album de ceux qui l'ont propulsée. Les morceaux épiques de 6 minutes, parfois 10, se succèdent. Les remix déboulent sur mes compilations. Je finis par avoir un mini disc pour mon anniversaire - qui me suivra fidèlement pendant des années - et dessus j'enregistre tout ce que je peux. Alan Braxe, Benjamin Diamond, Cassius... Étrangement je ne découvrirai que plus tard les créations solo de Bangalter pourtant significatives du génie qu'il est.


En 2001, j'entends dire que Daft Punk est sur le point de sortir un nouvel album. J'ai 16 ans le 13 mars 2001 et je cours à la Fnac m'acheter l'album dès qu'il sort. J'ai écouté et enregistré - et je conserve encore aujourd'hui religieusement - l'interview qu'ils accordent à Max de Fun Radio et je veux ma carte du Daft Club plus que tout au monde. On l'a oublié aujourd'hui mais l'album est très critiqué à sa sortie, notamment pour l'usage poussé du vocodeur et des voix type "I'm blue" de Daddy DJ. Plus aucune photo, même pas dans la presse, seulement des robots et leurs voix métalliques qui chantent sur des chansons au format pop n'excédant pas les 5 minutes - évidemment Too Long fait exception. Les beats sont très compressés, l'album est un hommage aux radios californiennes et au disco - le jeu de mot du titre Discovery, Disco Very et de la 11ème chanson Veridis Quo, Very Disco en atteste - tout en étant très pop. On attendait le duo et la surprise est au rendez-vous. Tout le monde s'est mis à faire de la tech-house, eux ont déjà mûri quelque chose d'autre, ont cherché un autre effet. C'est dans ces années là que curieusement je découvrirai leur live de 97 : Daft Punk - Alive 1997. Une fois de plus c'est une claque monstrueuse, puisqu'ils démontrent être aussi forts en live qu'en studio.

Les années qui suivent seront pour moi une fouille de ce qu'est la house filtrée, les mix, les remix, les morceaux originaux, les tous derniers titres... Il me faut tout. Paradoxalement, je vis en Italie sans connexion internet et je me procure tout ça au travers d'un ami lui aussi fanatique de house filtrée et de French Touch. On découvre ainsi la collaboration de Bangalter avec DJ Falcon, mais aussi ses premiers maxi et son label Roulé, toujours d'actualité. De la même façon, je découvre enfin les compilations du label Crydamoure, quelques années après en avoir entendu parler dans la fameuse interveiw de Fun Radio. Je commence parallèlement à mixer et je travaille dans des bars où je passe de la musique, tant bien que mal.

Puis mes études m'amènent à Paris, où je rêvais d'aller depuis leur premier album. Sort alors Human After All, album que beaucoup de gens bouderont. Produit en très peu de temps, l'album est un empilement de sons destinés à nous rendre fou. Turbines, sons très secs, rétrospectivement je crois que l'album avait pour but de nous dire merde, et de dire à toute la mouvance électro "voilà où on va si on continue à faire des choses sans goût, sans envie". Même le fanboy que je suis a du mal à saisir toute la démarche, si tant est qu'il y en ait une. Heureusement la "déception" est vite balayée par l'annonce d'un concert. On est en 2007, je passe un coup de fil à Julien qui m'a tendu il y a 10 ans un CD gravé avec écrit Homework dessus et je lui dis :
"- Tu sais ce que j'ai dans les mains ?
- Non
- 6 entrées pour un concert. T'en veux une ?
- Concert de qui ?
- DAFT PUNK MON GARS"

Juin 2007, je pense la plus grosse claque que j'ai jamais prise en live. La maîtrise, l'ambiance, un des rares moments où j'ai pu voir des parisiens solidaires, heureux ensemble en trois ans dans la capitale. Pendant 1h30 environ, on a vibré, hurlé, dansé, sur les hymnes de notre adulescence, 17.000 personnes en transe. On peut nous entendre sur l'album Alive 2007, puisque c'est le concert de Paris Bercy qui a été enregistré (et sur lequel j'ai écrit ça)

Aujourd'hui j'ai 28 ans, ça fait 15 ans que je vis régulièrement au rythme des albums, remix et apparitions des Daft Punk. Aujourd'hui Get Lucky est sorti et je l'ai acheté ce matin sur iTunes et je l'écoute en boucle. Merci les gars, on attend la suite, et on est impatient.



Ma petite sélection de Daft tracks:
Around The World parce que tu l'entends, tu danses
Da Funk pour l'avoir gueulé en Juin 2007
Crescendolls parce que c'est probablement le plus beau cadeau que m'ait fait ma femme à notre mariage
Veridis Quo parce qu'on a dû me demande 15 fois "c'est de qui ça ?"
Short Circuit la chanson type que je n'aimais pas du tout et que j'adore aujourd'hui
Face To Face pour Julien
Human After All pour avoir été la BO d'un anniversaire fou
Emotion la seule vraie balade électronique
Ian Pooley - Chord Memory (Daft Punk remix) ça n'a pas pris une ride
Get Lucky tout simplement parce que c'est le début de la suite

Je vous conseille aussi ce très bon article de Rolling Stones, en anglais.

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