Le désert

Il était midi, cela faisait à présent 10 heures qu'ils roulaient sans interruption dans ce paysage désertique. Quelques pauvres âmes perdues ici et là, croisées au gré des accélérations de la Mustang Fastback 428 Mach 1 Super Cobra Jet 1970 volée il y a quelques mois. 10 heures qu'ils avaient quitté la ville et qu'ils fonçaient à vive allure sur l'autoroute abandonnée. Il faisait étrangement bon pour la saison, la Mustang n'avait pas la clim, mais on pouvait rouler carreau ouvert, à condition de pas être dérangé par le nuage de fumée qui semblait coller aux basques de la voiture partout où elle passait. Il faisait sec.

Le coup de feu retentit et résonna comme à chaque fois ces derniers jours. Ceux-ci ne le surprenaient toutefois plus comme au début. Quand il ferma la bouteille d'eau, Louise avait déjà nettoyé le sang sur le canon du 357 qu'elle avait appris à manier au cours du dernier mois, et le remettait dans sa ceinture. Il remarqua alors à quel point ses bras s'étaient musclés au cours des dernier jours. "Sans doute à force d'utiliser le 357"pensa-t-il tandis qu'il se dirigeait vers le coffre de la voiture pour y prendre la hache. Une nausée lui souleva l'estomac. Il n'aimait pas du tout cette partie là du travail, mais c'était la règle. Le point positif était qu'avec le temps, il avait pris le coup de main, et il ne traînait plus. C'était beaucoup moins sanglant que la première fois qui avait était un vrai carnage. La vue du sang ne lui plaisait pas beaucoup, mais enfin il n'y avait pas d'autre alternative.

Une fois la tête sur une pique, il remonta dans la voiture : "Démarre", lui dit-il sur un ton qui ressemblait plutôt à un ordre. Le moteur ronronna et le poste de radio cracha The Seeker des Who. Les pneus crissèrent et instantanément le nuage de poussière qui officiait en temps que partenaire du véhicule se souleva recouvrant le corps de leur victime resté sur le bord de la route au pied de la pique qui servait à présent de soutien à la tête de celle-ci. La voiture démarra en trombe, après un dérapage qui ne donnait pas l'impression d'être contrôlé puis le bruit s'atténua petit à petit. À mesure que le nuage de poussière retombait, on pouvait deviner le regard d'horreur et d'incompréhension sur le visage de leur victime. En dessous de ce qu'il restait de cou à celle-ci, une pancarte avait été clouée sur laquelle était inscrite "un de moins" en forme de mise en garde à quiconque se trouverait sur leur chemin. 

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