Le conseil

"... Vive la République ! Et vive la France !".

Cela y était. Après un an de campagne, de petites phrases, de voyages partout en France, de serrages de main, de rencontres, de discours, de débats, d'échanges virulents, de révélations, de déceptions, de défections, de trahisons... Enfin, il était élu. La première chose qui l'avait frappé au moment de son discours, c'était la lumière. Toute cette lumière, et ces flashs. Il en avait pourtant écumé des salles de meeting, mais la saveur particulière de l'événement l'avait marqué a tout jamais. Puis étaient venus les déclencheurs des appareils photos, les calicots et les huées. Ses oreilles bourdonnaient encore, son cœur pompait encore l'adrénaline dans son sang et ses jambes flageolaient encore quand il se rendit compte.

Où l'emmenait-on ? Tout était tellement flou qu'il ne se souvenait pas s'il roulait depuis 2 ou 15 minutes, mais ce qui était sûr c'est qu'on n'allait pas dans la direction de son siège de campagne. "Où va-t-on Serge ?" demanda-t-il au chauffeur. Silence. Il ne réalisa alors qu'à ce moment là qu'une autre personne était présente dans la voiture avec eux.
"- Monsieur le Président, nous devons vous mettre à jour.
- Je... Je ne comprends pas. Pourquoi ne se rend-on pas à mon siège de campagne ? Son cœur pompait à nouveau de l'adrénaline.
- Tous les Présidents doivent passer par le briefing Monsieur le Président. Nous y serons dans quelques minutes, ne vous en faites pas."

On nageait en plein délire. Après tout le travail accompli, tout ce que cela avait supposé comme effort pour lui, pour sa famille, il allait disparaître, victime d'un kidnapping ? S'il s'en sortait, son chef de la sécurité allait se faire virer. La voiture s'arrêta alors. Sa portière s'ouvrit. On était dans un parking sous terrain. Alors qu'il sortait de sa voiture, un groupe de trois hommes s'approchait de lui. Parmi eux, son chef de la sécurité. Les trois hommes se présentèrent. Il était tellement abasourdi qu'il ne trouva pas même le temps d'articuler quoi que ce soit. "Vous êtes attendu, dépêchons-nous".

"- Bonsoir Monsieur le Président, et tout d'abord toutes mes félicitations. Votre élection a été amplement méritée.
- Où suis-je ? Qui êtes-vous ?
- Vous devez avoir des tas de questions, je vous prie d'excuser les manières de mes hommes. Voyez-vous, nous nous trouvons à présent à quelques mètres sous terre.
- Mais encore ? Qu'est-ce que je fais là ? Je suis attendu au parti où les militants ainsi que mes collaborateurs m'attendent pour fêter la victoire.
- Ne vous en faites pas, vous y serez. Nous avons une petite demie heure pour vous présenter votre équipe.
- Mon équipe ? Mais de quoi parlez-vous ? Qu'est-ce que je fais ici ?
- Je crois que vous savez parfaitement ce que vous faites ici Monsieur.
- J'aimerais autant vous entendre me l'expliquer."

La tête basse mais le regard fixé sur le candidat à peine élu, l'homme qui jusque là ne s'était pas présenté  reprend :
- Je m'appelle Jean-Pierre Fertaud, je serai à partir de maintenant l'homme qui vous passera les décisions du Conseil regardant la politique française. Nous sommes amenés à être en contact permanent au cours des cinq prochaines années.
- J'ai peur de ne pas bien saisir.
- Le Conseil se réunit une fois par mois. Il décide de la politique internationale à mener dans son ensemble, puis de la politique de chaque pays. Les présidents, les premiers ministres, les membres de l'exécutif européen et mondial ne font que mettre en œuvre les décisions que nous prenons.
- Mais, et nos promesses aux français ? Et mon programme ?
- Monsieur le Président, soyez raisonnable. Vous n'allez pas me dire que vous avez cru un seul instant à la possible réalisation de ces pitreries ? Si ?
- Pourquoi est-ce que je ne vous rencontre que maintenant dans ce cas ? Pourquoi ne pas vous être manifestés plus tôt ?
- L'anonymat est notre meilleure arme. C'est pourquoi aucun de vos collègues ne doit connaître notre existence. En sortant d'ici Serge, votre chauffeur, vous remettra une short-list sur laquelle apparaîtront trois noms parmi lesquels vous pouvez choisir votre premier ministre. C'est lui qui jouera le relai entre vous et moi. À présent commençons, nous n'avons pas beaucoup de temps et je ne voudrai pas gâcher votre fête de victoire. Si vous le voulez bien, débutons par la politique intérieure."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire