Ce qui s'est passé : Les Guignols de l'Info ont décidé il y a peu que Rafael Nadal, champion de tennis du pays dont je suis le résident, est un gros dopé qui ne gagne pas par son talent, mais grâce aux seringues de simili-EPO qu'il s'injecte régulièrement. Un des sketchs en question :
Ce procédé n'est pas exactement nouveau pour les Guignols, qui ont passé quand même toute mon enfance à représenter Mary Pierce en homme, ou Virenque en cycliste dopé "à l'insu de son plein gré". Seulement voilà : en Espagne, le sportif c'est sacré. C'est en tout cas ce que semble dire les espagnols vu le tollé général qu'ont provoqué les sketchs en question. Alors sommes-nous des jaloux pas drôles, ou bien est-ce que les espagnols n'ont pas d'humour ?
La première constatation qu'il faut faire c'est que ce n'est quand même pas le sketch le plus drôle de l'histoire des marionnettes, qu'on a connues plus en forme. Je me souviens d'une époque où les Guignols s'attaquaient aux dirigeants et pas à David Guetta ou aux sportifs. Une autre chose : si la défense de Contador est minable (il aurait été dopé en mangeant un steak d'une vache qui elle même aurait reçu une substance dopante), il est clair que jusqu'à présent la culpabilité de Nadal n'est absolument pas démontrée - contrairement en son temps à Virenque ou même plus récemment donc, Contador. Du coup ça fait quand même beaucoup pour le même client, et il faut reconnaître que Nadal n'est pas exactement le sportif le plus aimé des français. J'ajouterai même qu'à Roland Garros, on n'est pas très ému de le voir gagner, alors que c'est une compétition qu'il a remporté 6 fois. Pour terminer, c'est un sportif qui a toujours eu un comportement irréprochable en dehors du terrain. Il l'a encore démontré en ne réagissant de manière très calme au sketch.
Mais d'un autre côté, il s'agit quand même d'humour. Et là on touche le fond du problème pour nos amis transpyrénéens. C'est un réflexe typique d'ici de s'enflammer sur un sujet qui est bien pourri pour finalement finir par dire des conneries plus grosses que le pays sans que cela n'ait rien fait avancer du tout. Exemple typique avec les joueurs de Séville qui arborent fièrement un maillot "Liberté, Égalité, Superioridad" (je rappelle que les sévillans sont actuellement 10ième du championnat et ont offert à la sélection espagnole un unique joueur : Jesús Navas). Les "JALOUX" ont plu sur mon newsfeed de Facebook et ma TL espagnole pendant des semaines, et je ne vous raconte pas les collègues ! Quelqu'un m'a même dit "c'est la seule chose qui fonctionne, alors si en plus vous la démolissez...". Je continue quand même de penser qu'en donnant à cette mauvaise blague un écho qu'elle ne mérite pas, on a tous perdu notre temps, et les espagnols se sont affublés au passage d'une réputation dont ils se seraient probablement bien passés.
Mais ce qui est vraiment passionnant dans cette "affaire", c'est bien évidemment l'Europe et sa construction permanente. Car enfin : vers quelle Europe nous dirigeons-nous ? Une amie me disait "quand les français disent du mal de nos sportifs, c'est comme si tu disais du mal de ma soeur. Moi j'ai le droit de dire que ma soeur est conne. Mais si tu viens me dire "ta soeur est trop conne" alors y'a des chances que je la défende bec et ongles". On dirait bien qu'on est condamné à tenter tant bien que mal de créer un conglomérat de famille qui ne peuvent pas vraiment se blairer mais qui doivent vivre les uns avec les autres dans le même immeuble (vétuste). Les français du deuxième se mettent sur la gueule avec les espagnols du troisième parce qu'ils écoutent la musique trop forte pendant que les anglais, de l'autre côté de la court, planifient de tout raser pour faire entrer plus de lumière. Je me demande quand même quand est-ce qu'on verra un français soutenir Nadal à Roland Garros, contre un Suisse, nation qui n'a historiquement jamais défendu personne à part ses propres intérêts, souvent financiers.
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